Ourson Welles
L’histoire que je vais vous raconter ce soir, est l’histoire d’un petit ourson, qui vivait dans la forêt. L’ourson était né un beau jour d’été, en Belgique... sous la pluie, donc. Son sort était scellé. Depuis qu’il était tout petit, Ourson l’ourson n’avait pas de chance.
Tout commença lorsque sa mère le fit régulièrement tomber. Bon, évidement, quand on a une mère manchote, ça n’aide pas à tenir un enfant dans ses bras... mais depuis quand a-t-on décrété que seul les gens avec des bras pouvaient avoir des enfants ? Déjà qu’ils ne peuvent pas avoir de chocolat, on ne va pas en plus leur enlever le droit d’avoir des gosses !!! Non mais ho !
Du côté de son père, ce n’était pas beaucoup mieux. Son père était un
dépressif alcoolique, qui de surcroît avait l’alcool triste...
autrement dit, lorsqu’il ne buvait pas, il déprimait, et lorsqu’il
buvait, l’alcool le faisait déprimer.
Son géniteur finira d’ailleurs par se suicider, en s’introduisant
plusieurs kilos de miel là où le soleil n’entre jamais, avant de se
jeter sur 3 ruches.
Bref.
Petit, Ourson continua à accumuler les malheurs... appareils dentaires, lunettes triples foyers bifocales autofocus reflex, aucun poil sur le corps à l’âge ou ses amis arboraient déjà un beau et soyeux pelage de futur beau fort et grand ours... rien ne lui fut épargné.
Les filles, bien sûr, ne le regardaient pas. Et il en souffrait beaucoup.
Il tenta bien l’aventure avec les garçons, mais son meilleur ami Winnie
n’apprécia pas, et fut traumatisé à vie. Il vit maintenant, parait il,
reclus dans la forêt avec un cochon, un âne, et un tigre, entre autres.
Ensuite, vint l’âge adulte. Toujours célibataire, à peine poilu, il ne
faisait pas bonne impression lors des entretiens d’embauche. Qui en
effet voudrait d’un ours comme celui là dans son zoo ???
Et à cela, s’ajoutait sa poisse constante. C’est ainsi qu’en plein
entretien, face à son patron potentiel, et alors que les choses se
passaient pour le mieux... les fausses touffes de poils qu’il s’était
collées partout sur le corps commencèrent à se détacher une par une,
s’accumulant dans la pièce. Il tenta bien un cri féroce pour montrer au
patron du zoo qu’il pouvait faire peur, mais son souffle propulsa les
poils sur son vis-à-vis, ruinant définitivement ses dernières chances.
Ce jour là, comme ci cela ne suffisait pas, lorsqu’il rentra chez lui,
il découvrit l’air à peine étonné qu’une petite fille avait mangé son
repas, et dormait dans son lit. Blasé, il parti faire un tour.
Dans la forêt, alors qu’il marchait en tentant d’oublier tout cela, Lapin le lapin lui parla.
« Ourson, attend, j’ai à te parler ! Tu sais, j’ai un secret à te révéler ! Suis moi !!! »
Et Lapin amena Ourson jusqu’à l’orée du bois, là où campaient des gens.
Lapin lui expliqua alors qu’il y avait peut être une raison pour
laquelle il n’était pas aussi poilu que ses congénères. « Peut être »,
dis le lapin, « Peut être que tu n’est pas vraiment un ours ! Peut être
que tu es l’un d’entre eux ! ».
Ourson fut intrigué, et y réfléchi... Il ne ressemblait ni à sa mère,
ni à son père, ni à ses camarades... alors tout cela lui semblait
plausible. Il avança jusqu’aux campeurs, et leur parla.
Ces derniers ne furent pas effrayés, et prirent soin d’Ourson.
Les campeurs étaient en fait des chasseurs, et initièrent Ourson aux plaisirs de la chasse.
C’est de la sorte que, quelques mois plus tard, par inadvertance, Ourson, rebaptisé entre temps Jean Claude, tua Lapin d’une balle derrière le cou.
Moralité : faisez du bien à un vilain, il vous crachera dans la main.